09 octobre

PAS D’ABSOLUTION POUR LE GARDE DES SCEAUX

Avec un cynisme sans égal, Me Dupont-Moretti, qui est en train de faire voter une loi renforçant au-delà de toute mesure le secret professionnel de ses confrères avocats (qui vont voir leurs cabinets, si le Parlement n’a pas un sursaut de lucidité et de responsabilité, transformés en sanctuaires inviolables –et pas seulement pour leurs activités de défense en justice mais pour le simple conseil aux malfaiteurs, actuels ou virtuels !), entend, parallèlement, porter atteinte à celui des prêtres catholiques, en faisant échec au « secret de la confession ».


Alors que les règles en la matière sont parfaitement claires et établies depuis l’origine du code pénal, et, qu’elles ne constituent en rien un privilège pour les intéressés, s’appliquant de la même manière à tous ceux qui, « par état ou par profession », sont des « dépositaires de secrets » (jusqu’aux journalistes, maintenant, qui peuvent opposer le secret de leurs sources…), le « secret de la confession », sous l’angle strict du droit laïque, en dehors de ce qu’il peut signifier pour des croyants, n’étant pas au-dessus des lois de la République –formulation spontanée peu heureuse d’un haut dignitaire épiscopal-, mais, tout simplement à l’intérieur de ces lois qui, à l’instar d’autres secrets jugés légitimes, le reconnaissent et le protègent au nom d’un intérêt public supérieur.


Manifestement pressé de s’inscrire dans la ligne du rapport de la CIASE –qui n’avait cependant pas vocation à être un bréviaire pour le Gouvernement…-, le chef des parquets entend aussi demander des enquêtes systématiques sur des faits pourtant prescrits et dont, dans bien des cas, au surplus, les auteurs présumés seront décédés, tout comme les témoins, et, où les éléments de preuve risquent la plupart du temps de faire défaut… : comme si les enquêteurs, qui n’arrivent déjà pas à faire face à toutes leurs urgences, pouvaient ainsi se permettre de gaspiller du temps et de l’énergie à des procédures dont ils sauront d’avance qu’elles ne pourront avoir aucune suite judiciaire : c’est un véritable dévoiement de l‘institution. S’il y a, à cet égard, vis-à-vis des victimes, un intérêt à instruire ces faits, ce doit être dans un autre cadre (on avait cru comprendre qu’à l’origine, la CIASE avait été instituée par l’épiscopat dans ce but…).


Mais on ne voit que trop à quelles véritables préoccupations de posture médiatique répond cet intérêt soudain de M. Dupond-Moretti pour les affaires de l’Eglise…

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