03 octobre

8% de budget et… 100% de haine et de mépris !

Me Dupond-Moretti avait, cette semaine, convié la presse pour un grand exercice d’autosatisfaction annoncée, avec la présentation de son budget pour 2021, se gargarisant de ce « + 8% » d’augmentation qu’il claironne en toutes occasions –mais qui ne doit pourtant pas faire illusion : d’abord, quand on part de très bas, il en faut peu pour faire impression… Et, au demeurant, une bonne partie de ces crédits supplémentaires étaient, en fait… déjà programmés antérieurement –ce qui relativise singulièrement la véritable progression ! Mais, à y regarder de plus près –et, comme il est habituel dans ce ministère-, c’est l’administration pénitentiaire (et c’est tant mieux pour elle), et, non la Justice proprement dite, qui se taille la part du lion, tant en recrutements qu’en investissements. On annonce à son de trompe (« trompe », c’est bien le mot qui s’impose…) que l’on va recruter « immédiatement » près d’un millier d’agents, dont plus de 700 collaborateurs de magistrats, dans un cadre contractuel : c’est-à-dire, de gens sans aucune expérience, à qui il va falloir apprendre leur métier : ce qui va prendre de long mois et mobiliser les magistrats à cette tâche au détriment de leur travail –et le ministre, sans rire, à l’intention des gobe-lune, d’affirmer que cela va permettre aux juges… de rendre deux fois plus de jugements !

                Las, les magistrats ne se feront pas acheter avec ces vantardises de camelot : en contrepoint , le ministre a eu droit au très inhabituel et très sévère texte publié par les deux chefs de la Cour de Cassation, dénonçant, en particulier, avec l’autorité des présidents respectifs des formations disciplinaires du Conseil supérieur de la magistrature, les poursuites engagées contre des collègues par le ministre pour régler les comptes de l’avocat et de ses confrères –ce qui constitue un véritable détournement du pouvoir ministériel à des fins personnelles, d’autant plus scandaleux qu’il est médiocre et inspiré par la haine viscérale dont l’intéressé ne s’est jamais caché à l’égard du corps judiciaire, crachée haut et fort en toutes circonstances : pour avoir toujours traité en ennemis les membres d’une institution dont il a maintenant la charge, ceux qui ont eu l’imprudence de le nommer ne doivent pas aujourd’hui s’étonner qu’il soit considéré comme tel par les intéressés… : auront-ils la sagesse d’en tirer les conséquences à temps ? Errare politicum est, perseverare diabolicum…

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